LE DEVELOPPEMENT DU « FAIRE » AU DETRIMENT DE « L’ETRE »
Faire pour plaire
Au regard de la psychanalyse, il semblerait que nous construisons notre existence pour autrui. En effet, dès la plus tendre enfance, le désir de plaire nous gouverne et nous nous plions aux attentes de nos parents/référents car nous répondons à leurs demandes pour obtenir leur amour. Ainsi, dès le plus jeune âge, nous apprenons à nous déconnecter de nos désirs profonds et, en grandissant, à mesure qu’ils s’éloignent, nous avons l’illusion de les assouvir en répondant aux besoins des autres…à défaut de connaître les nôtres.
Partant de ce postulat, ce que nous ferions aurait donc pour fonction première de répondre au besoin d’amour et de reconnaissance de notre Être. Notre Être que, finalement, nous connaissons bien mal puisqu’il a dû rapidement s’adapter, voir même parfois s’effacer, face aux désirs d’autrui.
Pourquoi Faire toujours plus ?
Si Faire est une chose, « faire toujours plus » en est une autre. En effet, cette sensation d’urgence intérieure a toujours agir peut, certes, s’expliquer par une exigence de perfection et une image idéale du moi mais révèle, surtout, une peur du vide. Ce grand vide intérieur laissé par notre Être oublié…ce vide que cherchons alors à combler par nos actions extérieures.
Je crois donc Être ce que je Fais et je fais pour Avoir car « Faire » et « Avoir » sont considérés comme synonyme de réussite et d’accomplissement…Ainsi, grâce à mes actions incessantes, je crois construire et nourrir mon Être, je pense exister et m’accomplir, et pourtant… Pourtant, la réalité est tout autre car lorsqu’on suit cette frénésie ambiante, que l’on répond sans cesse aux demandes extérieures, que l’on s’enferme dans la réalisation d’obligations; le jour où l’on s’arrête, bien souvent, l’angoisse monte. Alors pour ne pas subir cette angoisse, pour ne pas la ressentir, j’ignore et j’occulte cette peur du vide laissée par mon Être comme un cri de désespoir et… je continue à faire. Je reprends ma course effrénée pour me sentir vivant, pour me sentir exister mais, surtout, pour éviter toute remise en question car « je n’ai pas le temps », « je suis booké » ou encore « je suis trop fatigué ».
LA PROBLEMATIQUE DU TEMPS
La barrière de nos croyances limitantes
Mais à mesure que nous vieillissons, nous ressentons généralement ce besoin de reconnexion à soi, ce besoin de prendre le temps de faire ce qui nous plait véritablement, d’arrêter de nous imposer des choses que nous subissons car nous ne les apprécions pas/plus, car elle ne nous nourrissent pas/plus.
Alors face à ce besoin de plus en plus pressant, émerge la barrière de nos croyances limitantes qui nous poussent à culpabiliser de cette envie jugée tout simplement comme égoïste. Pourtant, en quoi s’occuper de soi avec bienveillance serait-il quelque chose d’égocentrique? Après tout, lorsque je manque de temps pour moi, pour effectuer ce qui me fait du bien, cela se transforme automatiquement en irritation, en frustration, et mon entourage en pâtit nécessairement tout autant que moi…donc prendre du temps pour soi n’est pas tant un acte égoïste qu’un acte d’amour envers soi-même. D’ailleurs n’est-ce pas en m’aimant et me réalisant entièrement et véritablement que j’offre, aux autres, le meilleur de moi-même?
Le manque de temps est une leurre
Et puis quand bien même la problématique de culpabilité n’existerait pas ou serait résolue, il n’en demeure pas moins qu’il restera à faire face à une problématique de taille : le manque de temps. En effet, n’y a-t-il pas, toujours, quelque chose d’autre de plus urgent, ou que nous jugerons, à défaut, plus important à faire que de prendre du temps pour soi ? Dans le rythme effréné de nos vies où les journées sont souvent jugées trop courtes, à quel moment pourrions nous rajouter un créneau ? A quel endroit dégager une nouvelle plage horaire dans un emploi du temps booké ?
Et pourtant…Nous pouvons faire ce que nous voulons car nous possédons bien ce grand pouvoir qu’est le libre arbitre. Ainsi, « je n’ai pas le temps » ne veut rien dire en soi car nous occupons notre temps en fonction de nos choix, il serait donc bien plus juste et bien plus vrai de dire « je n’ai pas pris le temps ».
LE NECESSAIRE TEMPS POUR SOI
Les bienfaits du retour à l’être
La question à se poser poser devient donc : pourquoi je n’ai pas pris le temps de ne rien Faire ? Pourquoi je ne prends pas le temps d’Être tout simplement ?
Le retour à l’Etre, de manière régulière, apparait pourtant comme fondamental car, même sans aborder l’importance de rester en contact avec ses valeurs profondes, de comprendre et de digérer ses émotions, d’écouter son corps, bref de profiter de moments d’introspection pour veiller à avancer dans la vie en demeurant en adéquation avec soi-même, les bénéfices du temps pour soi ne sont plus à démontrer.
Citons les plus parlants dans une société où tout va toujours de plus en plus vite et où nous courrons sans cesse, dans tous les sens : amélioration de l’humeur, réduction de l’anxiété, diminution du stress, regain d’énergie…
Créer votre routine
Il semble donc judicieux de se créer des moments à soi et pour soi les plus qualitatifs possibles et le souvent possible. Judicieux de créer sa routine personnelle, celle qui nous convient, celle qui nous fait du bien, celle que l’on a envie de mettre en place dans notre quotidien. A chacun selon ses envies et ses besoins ou encore à chacun selon son rythme.
Ce qui compte ce n’est pas tant ce que l’on fait et combien de temps on le fait : ce qui compte véritablement c’est de s’aimer suffisamment pour s’offrir ces moments. Alors, oui, au début ce n’est pas si simple car il faut lutter contre de nombreuses fausses croyances mais les bénéfices sur votre état intérieur seront tels que vous n’aurez plus, rapidement, comme par magie, de difficultés à trouver un créneau dans votre emploi du temps ou encore avoir à vous juger sévèrement pour oser prendre ce temps…Un temps juste pour vous et juste avec vous.